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Quelle diplomatie économique pour l’Afrique à l’horizon 2030 ? (Par Cheikh Mbacke Sene)
Enjeux et défis pour une stratégie d’influence, de souveraineté et de transformation
L’Afrique se trouve à un moment décisif de son histoire géoéconomique. Pour sortir d’une position de dépendance, affirmer sa souveraineté et impulser une transformation durable, la diplomatie économique doit devenir un levier central et stratégiquement pensé.
Mais quels sont les enjeux cruciaux qui conditionnent l’avenir de cette diplomatie africaine ?
1. Affirmer la souveraineté économique
L’Afrique doit renverser le rapport de force hérité du post-colonialisme, sortir des relations asymétriques et négocier à égalité avec les grandes puissances. Cela exige une diplomatie économique proactive, dotée d’acteurs bien formés et d’institutions renforcées.
2. S’insérer dans les transitions mondiales
Face aux mutations industrielles, numériques et énergétiques, le continent doit intégrer les chaînes de valeur globales, développer ses infrastructures et ses compétences pour ne pas être marginalisé dans les secteurs clés de demain.
3. Renforcer l’intégration continentale via la ZLECAf
La Zone de libre-échange continentale africaine est un levier majeur pour bâtir une puissance économique collective capable de peser sur la scène internationale. La diplomatie économique doit accompagner l’harmonisation réglementaire et la mobilité des talents.
4. Mobiliser tous les acteurs de l’influence
Au-delà des gouvernements, la diaspora, les entreprises innovantes, les banques régionales, les villes et les universités doivent être pleinement intégrés dans la stratégie diplomatique économique pour maximiser l’impact.
5. Protéger les intérêts stratégiques et renforcer l’intelligence économique
La maîtrise des données, la cybersécurité, la cartographie des vulnérabilités et la capacité à anticiper les crises économiques sont des enjeux clés pour sécuriser l’avenir du continent.
6. Diversifier et équilibrer les partenariats internationaux
L’Afrique doit diversifier ses alliances au-delà des relations traditionnelles, notamment avec le Golfe, l’Asie émergente et l’Amérique latine, dans une logique d’égal à égal, pour renforcer son autonomie stratégique.
7. Accéder à des financements innovants
La diplomatie économique doit aussi faciliter l’accès aux financements verts, à la finance islamique et aux investissements à impact, indispensables à une croissance durable et inclusive.
À l’aube de 2030, l’Afrique peut choisir entre rester spectatrice d’une économie mondiale qui la marginalise, se fragmenter sous des intérêts divergents, ou au contraire s’unir pour devenir une force géoéconomique autonome et influente.
Réussir cette transformation exige une diplomatie économique renouvelée, coordonnée, inclusive et ambitieuse. Il s’agit pour le continent de passer d’une diplomatie subie à une diplomatie choisie — la condition sine qua non pour bâtir l’avenir qu’il mérite.
Cheikh Mbacké SENE, Expert en intelligence économique et veille