Plan de redressement : Mamoudou Ibra Kane entre espoirs et interrogations

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Le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé ce vendredi 1er août 2025 le très attendu Plan de redressement économique et social JUBBANTI KOOM. Cette feuille de route, qui se veut ambitieuse, vise à redresser l’économie sénégalaise par le biais de réformes budgétaires, structurelles et sociales d’envergure.

Face à cette présentation, Mamoudou Ibra Kane, président du mouvement « Demain c’est maintenant », a livré une analyse nuancée, évitant les écueils de la polémique. « Je m’abstiens de toute réaction épidermique sur ce plan. Le sujet est trop sérieux pour verser dans l’émotion », a-t-il déclaré.

L’opposant reconnaît d’emblée un changement notable dans l’approche du Premier ministre. « Sur la forme, Ousmane Sonko a adopté un ton globalement posé et constructif, rompant avec son style habituel plus polémique », observe-t-il. Il salue également la clarté avec laquelle le chef du gouvernement a articulé ce plan avec la Vision 2050 du pays.

Plusieurs aspects du plan trouvent grâce aux yeux de Mamoudou Ibra Kane. Il applaudit notamment l’approche endogène de mobilisation des ressources – plus de 5 000 milliards de francs CFA – avec l’objectif de ramener le déficit budgétaire à 3% d’ici 2027, conformément aux normes de l’UEMOA.

Parmi les points positifs, il cite le pari sur le secteur privé comme levier de développement, le paiement intégral de la dette due au secteur privé, la promotion des champions économiques nationaux, et le renforcement du secteur bancaire local. La réduction annoncée du train de vie de l’État de 25 milliards par an sur quatre ans retient également son attention, tout comme l’accent mis sur l’investissement dans le capital humain et le développement de l’économie numérique.

Cependant, l’analyse de Mamoudou Ibra Kane n’est pas dénuée de critiques. Il regrette d’abord le temps nécessaire à l’élaboration de ce plan – 16 mois après l’arrivée au pouvoir du nouveau régime. « Certaines décisions de l’actuel gouvernement ne doivent-elles pas être redressées ? Les affaires ASER et ONAS par exemple », s’interroge-t-il.

L’opposant déplore également le manque de clarté concernant la politique de l’emploi, l’agriculture et l’industrie. Il met en garde contre un « trop-plein de taxes », rappelant l’adage selon lequel « trop d’impôt tue l’impôt ».

C’est toutefois sur la communication gouvernementale que Mamoudou Ibra Kane se montre le plus sévère. Il questionne la pertinence des révélations du Premier ministre et de son ministre de l’Économie concernant les conséquences des informations communiquées sur les finances publiques : renchérissement du financement extérieur, dégradation de la signature du Sénégal, suspension du programme avec le FMI.

« Est-ce une démarche de transparence ou plutôt irresponsable ? Le débat est ouvert », lance-t-il, réclamant la publication du rapport du cabinet Mazars et attendant le rendez-vous avec le FMI prévu en septembre.

Certaines sorties du Premier ministre suscitent des interrogations. Sa déclaration selon laquelle « on n’attend rien du FMI » interpelle particulièrement l’opposant. « Dans ce cas, il faut alors renoncer définitivement à tout programme avec cette institution », rétorque-t-il, rappelant que le Sénégal ne définit pas les conditions des programmes avec le FMI.

La question de la base militaire de Rufisque est également épinglée. Mamoudou Ibra Kane estime que le Premier ministre « a manqué de discrétion sur ce sujet sécuritaire, confidentiel et sensible », alors que la décision n’est pas encore tranchée.

En conclusion, l’ancien ministre relève deux déclarations présidentielles nécessitant des clarifications. D’une part, la révélation selon laquelle l’État continuait à payer le loyer de l’immeuble de l’ex-HCCT alors qu’il en était propriétaire depuis 2014. D’autre part, les références à un contrat naval impliquant l’ancien régime.

« Les Sénégalais doivent savoir », conclut Mamoudou Ibra Kane, appelant à plus de transparence sur ces dossiers sensibles.

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